♚ Caïn possède deux apparences : celle, humaine, qu’il revêt pour se mêler aux mundies, et l’autre, terrifiante, qui est son véritable visage – ou plutôt, son absence de visage, puisqu’il ne possède qu’un crâne lisse dépourvu d’un quelconque trait physique. Il est déjà grand et svelte en humain, mais sous sa vraie forme, il devient absolument gigantesque, ses bras et ses jambes démesurément longs semblant le rendre encore plus maigre qu’il ne l’est. Le Slenderman passe à volonté de l’une à l’autre de ces apparences.

♚ Caïn peut se téléporter, mais il ne peut plus couvrir d’aussi grandes distances qu’autrefois. Alors que dans les Homelands il pouvait apparaître où il le désirait à volonté, désormais il ne peut pas se déplacer au-delà d’un périmètre de cinq kilomètres.

♚ Vestige de sa puissance d’antan, il peut faire jaillir de son dos des appendices qui autrefois s’apparentaient à des tentacules mais qui, aujourd’hui, ont plus l’allure de branches mortes qu’autre chose. Ils ont perdu de leur force et de leur souplesse, et en attendant le jour où ses forces reviendront, Caïn s’en sert surtout comme élément de peur que comme véritable membre.

L’Adversaire arrive, il faut partir.

Cette réalité n’avait été qu’une rumeur pour les contrées les plus éloignées des champs de bataille. Une rumeur qui avait gonflé et enflé comme les vagues avant une tempête, et qui s’était propagée à toute vitesse lorsque les premiers combats avaient été perdus par les Fables. Petit à petit, chaque contrée tombait sous le joug du redoutable tyran qui ne laissait que deux choix aux vaincus : la soumission ou la mort.
Oh bien sûr, pour certains monstres isolés, ce n’était effectivement rien de plus qu’une rumeur. Et pour la pâle et grande créature qui hantait les tréfonds des forêts, il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Après tout, elle avait toujours eu un statut particulier. Elle ne se mêlait pas à la foule. Elle n’avait pas de famille. Elle n’avait peut-être même rien d’autre qui soit de la même espèce qu’elle. Comme bien des habitants des Homelands, elle était unique en son genre, et tant mieux ; il y avait suffisamment de créatures de cauchemar dans ces terres de légende sans avoir besoin de les voir se multiplier.
Le maigre personnage n’avait pas de visage ; on dit que c’est pour mieux appâter ses victimes qui apposent sur son crâne lisse les traits d’un homme de confiance, ou au contraire pour mieux terroriser ceux qu’il tourmente qui voient alors tout ce qui les effraie. Il pouvait disparaître pour réapparaître où bon lui semblait, comme si l’espace n’avait aucun effet sur lui. Personne ne savait vraiment ce qu’il était. On savait juste qu’il était mauvais et on se méfiait des silhouettes des arbres noueux au cœur des bois obscurs, car il était si drôlement fait qu’on aurait pu le prendre pour un vieux tronc sec qui aurait refusé de tomber.

Et puis, finalement, la guerre vint le déranger jusque dans son domaine. Il crut pendant un temps pouvoir échapper à la violence et au malheur qui touchaient toutes les autres Fables, mais il dût se rendre à l’évidence : il n’était pas de taille, et il n’était pas immortel non plus. Alors plutôt que de se laisser abattre, il fuit, prenant la route de l’exode avec ceux et celles qui ne voulaient pas devenir esclaves et cherchaient un endroit où ils pourraient tout recommencer loin de l’empire qui leur avait tout pris.
L’homme pâle fut de ceux qui ne comptaient pas vraiment changer pour le mieux. Ce n’était pas lui, pas ce qu’il était vraiment, et il ne voulait pas se trahir lui-même. Alors il fit profil bas, baissa la tête, et lorsqu’il arriva dans le monde des Mundanes, il s’enfuit trouver la forêt noire allemande où se créa sa légende dans ce nouveau pays qu’il lui restait encore à explorer.

Il hanta l’Europe durant un siècle ou deux, puis finalement embarqua pour le nouveau monde, direction l’Amérique du Nord et la ville de Fabletown où, petit à petit, se retrouvèrent toutes les Fables qui avaient échappé au massacre. Le Slenderman, comme bien d’autres, eut à s’adapter à cette nouvelle vie, et cette transition commença par un changement physique. Il avait suffisamment côtoyé les humains pour pouvoir les imiter, aussi adopta-t-il une allure bien plus avenante – ou du moins, nettement moins terrifiante. Ses pouvoirs diminués, il ne pouvait plus faire autant de choses qu’avant, aussi choisit-il les deux domaines dans lesquels il avait toujours excellé : la tromperie et l’enlèvement. Il se fit croupier dans les établissements de jeux, alternant entre ceux des Fables et ceux des Mundies jusqu’à trouver celui où il préférait officier. Et il continua à enlever et tuer, sauf que cette fois, il gagnait de l’argent en le faisant, ce qui lui offrit un confort certain tandis que la plupart de ses concitoyens se dépêtraient difficilement d’une situation souvent précaire.
Il dût s’associer au Crooked Man lors de son règne dans l’ombre, kidnappant ceux et celles sur lesquels il souhaitait mettre sa main tordue. Et lorsqu’il disparut, celui qui se faisait appeler Caïn put reprendre une vie normale, une vie nocturne et secrète, faite de jeux, de lumières et d’obsessions qui ne semblaient jamais vraiment le quitter.