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Odeur désagréable, sol gras, tapis usé jusqu'au dernier fil, portes qui grincent, toiles d'araignées et autres insectes. Ce décors n'était pas ce à quoi Rose Red était habituée, elle qui vit dans un luxe qui, à son avis, lui revenait de droit. Mais ce soir elle dû quitter son lit parfumé, chaleureux et orné de roses rouges, pour venir se cloîtrer ici. Dès qu'elle avait posé le pied sur le pas de la porte de l'hôtel, elle regretta sa décision. Mais il était trop tard pour faire marche arrière. Elle ne cessait de se répéter que ce n'était que pour un soir, qu'elle n'avait même pas besoin de dormir et que tout finira s'arranger. Mais à chaque tournant de couloir, elle sentait un haut-le-cœur plus fort que le précédent. Entourée par ces murs mystérieusement dégueulasses, le sol usé et le tapis rongé par les rats et autres bêtes qui s'étaient approprié la propriété entière, elle se sentait plus seule que jamais.
Plus tôt dans la journée, elle avait reçu un message. Celui-ci n'en était pas vraiment un, c'était seulement un mot qui était un code qu'elle avait établi entre elle et les gens à qui elle faisait le plus confiance. Ce mot ne signifiait rien mais en même temps il signifiait tout. Ce mot l'informa que ce soir, elle devait se mettre à l'abri, ailleurs que chez elle, ailleurs que chez ses connaissances. Elle avait l'impression qu'elle retenait son souffle depuis qu'elle était entrée dans le bâtiment, mais ce n'était pas vraiment par peur, c'était plutôt pour rester sur ses gardes au cas où quelque chose survenait. Elle se doutait que quelques sans abris étaient dans le bâtiment et qu'elle ne devait pas s'assoupir ou même leur révéler sa présence.
En arpentant les couloirs, elle alluma plusieurs lumières de chambres, aléatoirement, au cas où quelqu'un la cherchait, il la trouverai moins aisément que si une seule lumière était visible par l'extérieur. Rose s'arrêta au dernier étage, dans la dernière chambre du couloir. Elle trouva une once de sécurité dans l'idée d'être le plus loin possible, et espérait ne pas avoir tord!
La belle rousse poussa la porte, qui l’accueilli en grinçant bruyamment, et ne fut pas surprise de trouver la chambre dans un état tout aussi immonde que le reste de l'hôtel. -C'est juste pour une nuit, tu vas pas en crever!- pensa-t-elle à plusieurs reprises en déposant son petit sac sur la chaise qui ne tenait plus droit.
Rose se dirigea vers les rideaux, jeta un coup d'oeil furtif vers la rue et tira les rideaux en n'allumant que la lumière de la salle de bain et pas la lumière principale de la chambre. Elle se dirigea vers son sac et en sortit une nappe qu'elle avait emporté car elle connaissait l'état de ces lieux. Elle déposa la nappe sur le lit et s'y installa. Elle était assise au milieu du lit, les jambes croisées, les épaules droites et la tête haute. Probablement la seule position dans laquelle elle ne risquait pas de s'endormir...et encore, vu comme elle n'avait rien à faire! Elle tendit l'oreille pour écouter attentivement "au cas où" et passa ainsi une durée indéterminée mais qui lui paru comme une éternité !
| | | | Ceux qui font le plus Sont ceux qui s'en vantent le moins. Assis sur un tabouret, savourant un rhum de piètre qualité, Terry, le chef découvert et le chapeau posé sur les genoux, récupérait de sa journée d'effort. Profitant de sa journée de congé pour faire de l'exercice, Terry s'était épuisé toute la matinée durant à conserver sa forme physique, car on ne restait pas imposant comme une porte blindée par magie. Sa matinée d'exercice terminée, Terry avait décidé, après un repas frugal emporté, de se restaurer dans un bar. L'après-midi pointait déjà lorsque Terry attaquait une troisième boisson qui lui tordait la bouche, mais, avec son salaire, il ne pouvait pas se permettre de dépenser en liqueurs de luxe. Regardant dans le fond de son verre tandis que la barmaid, sympathique, lui offrait quelques biscuits apéritifs – un geste à la fois commercial et amical, car Terry venait occasionnellement dans ce bar, et la présence d'un tel colosse dissuadait généralement la clientèle violente d'assouvir ses pulsions stupides – Terry s'immergea un instant dans les méandres de sa conscience. Dans cet univers qui n'appartenait qu'à lui, et dont il n'était pourtant pas maître, il tenta à nouveau de percer le trouble de son passé. Dans cette léthargie, ses perceptions se réduisaient à tel point qu'il aurait pu être sourd et aveugle que cela n'aurait rien changé. Il s'isolait tout simplement du monde extérieur...D'habitude.-Quand on en aura fini avec elle, y'a pas qu'ces cheveux qui seront écarlates, crois moi !
-Ouais, 'fin faudrait la trouver pour ça, ça a merdé, et on sait pas où elle est. Cette peste a encore un coup d'avance.
-T'inquiète, ce soir y'a plein de gars sur le coup, cette garce nous échappera pas, cette nuit, on pourra se saouler la gueule sur une fleur fanée !Un rire gras salua cette figure de style. Terry ouvrit les yeux, pourquoi donc cette voix avait-elle percé sa concentration ? Les sens en alerte, il tourna imperceptiblement la tête, afin d'avoir à la limite de son champ de vision ceux dont il avait capté la conversation. Deux hommes dégingandés, l'un au crâne ras et l'autre portant des cheveux courts, attablés, qui venaient de trinquer et de s'envoyer une rasade de bière. À en juger par leur accoutrement et leurs manières, ces hommes n'avaient rien d’honnêtes citoyens, de plus, ces imbéciles parlaient à voix haute, voulaient-ils être entendus, ou étaient-ils simplement idiots ? En tout cas, le Sasquatch sentît une petite voix murmurer dans sa tête, une fleur fanée, des cheveux écarlates...il aurait du faire le lien tout de suite, mais il n'y arrivait pas. Inquiet, il releva la tête et croisa le regard de la barmaid, elle aussi mal à l'aise. Baissant la voix, il lui demanda si elle savait de qui ces personnes parlaient. Elle sembla hésiter un instant, puis, se penchant un peu par dessus le bar, dévoilant la naissance de ses seins par dessus la tenue qui les lui cachait lorsqu'elle arborait une posture normale, elle indiqua à l'homme en noir que la fleur aux cheveux écarlate ne pouvait s'agir que d'une personne... Une personne en danger très grave, conclut Terry.
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La lune pointait lorsqu'il arriva devant l'Open Arms Hotel. La soirée débutait et les rues se vidaient petit à petit de leurs restes d’honnêteté et de sûreté. Terry sortit de l'obscurité d'une ruelle inhabitée, il avait déjà visité deux ou trois endroits qui auraient pu servir de planque à la célèbre rousse. Il se maudit de n'avoir pas fait le lien tout seul, une fleur écarlate, c'était évidemment la sœur de miss White ! Bien qu'il ne l'avait jamais rencontré, il la connaissait au moins de nom, et à peine de réputation. Il avait passé, avec l'autorisation de ses supérieurs, quelques temps avec Bufkin pour se renseigner sur les figures principales de la ville, car son amnésie n'excusait en rien son ignorance. Levant les yeux vers les fenêtres, il remarqua que la plupart étaient allumées. Il ne s'en soucia que peu, si Rose Red se cachait à cet endroit, elle n'aurait pas pris le risque d'allumer la lumière.
Il s'engagea donc dans le hall et commença à grimper les escaliers, l'odeur ambiante lui agressait les narines, et le décor était encore moins confortable que celui de son appartement. S'armant de patience et de résolution, il tenta de s'éviter des recherches trop bruyantes, car il avait entraperçu des ombres rôdant dans l'obscurité des ruelles adjacentes. Tentant de raisonner, il se demanda où Rose aurait pu se cacher. Le dernier étage semblait la pire des idées, car elle n'aurait aucune porte de sortie si elle était cernée. La fenêtre aurait mené à sa mort, la porte à ses bourreaux. Elle était donc logiquement parmi les premiers étages pour fuir si l'occasion s'en présentait, voire les étages intermédiaires afin de fatiguer un peu ses vis à vis où espérer qu'ils abandonnent la fouille avant de l'atteindre. Ces deux solutions semblaient en tout cas les plus stratégiques, et les plus logiques si la jeune femme voulait éviter un affrontement.
Arrivant au bout de son raisonnement, l'agent de sécurité sourit, si miss Red était là, elle était donc au dernier étage, car aller contre la logique était la meilleure solution lorsqu'on voulait semer des poursuivants aussi intelligent que les deux soudards du bar.
Gravissant les marches deux à deux, il n'arborait cependant rien d'autre qu'une expression sérieuse. Tout ceci n'était pas un jeu, la jeune femme était en danger, car si stupides fussent les deux hommes, ils avaient mentionné des grands moyens et semblaient sûrs d'eux. De plus, Terry n'aurait pas été surpris qu'ils eussent été armés, ils ne voulaient pas simplement lui donner une leçon, c'était sûr, la sœur de sa patronne était en danger de mort, et bien entendu, bonne poire qu'il était, il volait à son secours le jour même où il pouvait enfin se reposer...S'avisant qu'il avait accéléré le pas au point de faire beaucoup trop de bruits, il se maudit intérieurement en reprenant un rythme silencieux qui contrastait avec sa carrure imposante, si le Sasquatch savait être fort, il savait aussi être silencieux. Arrivant enfin au dernier étage, il commença à scruter chaque porte, car si la contre-logique était la meilleure solution, la nuancer pouvait parfois être encore plus efficace. La plupart des portes étaient verrouillées – la preuve qu'elles n'étaient pas occupées par la jeune rousse, car elle n'aurait jamais, s'il en croyait ce que lui avait rapporté Bufkin à son sujet, payé pour une chambre dans cet hôtel –, et celles qui ne l'étaient pas n'abritaient qu'une odeur de renfermé nauséabonde et une obscurité angoissante. Terry fronça les sourcils alors que la pénultième porte ne s'ouvrait pas, elle n'avait pas nuancé la contre-logique, son raisonnement s'était arrêté à « plus je suis loin, mieux c'est ». Légèrement mécontent – peut-être à tort, car rien ne prouvait qu'elle serait là – Terry s'avança vers la dernière porte d'un pas souple mais en s'assurant qu'il était audible. Après tout, elle l'avait sûrement entendu ouvrir – ou tenter d'ouvrir – les précédentes portes, et tenter maintenant de faire preuve de discrétion revenait à montrer des intentions hostiles. Lorsqu'il arriva devant la porte, l'homme en noir tendit d'abord l'oreille, et ne perçut aucun son. Était-elle simplement là ? Il en doutait, mais il devait la retrouver avant ceux qui la cherchaient. Soigneux, il replaça le chapeau sur sa tête, et, s'avançant d'un pas assuré, il toqua à la porte au lieu d'essayer de l'ouvrir. -Miss Red, vous êtes en danger. Ces simples mots suffisaient, selon lui, à prouver l'absence d'intentions belliqueuses à son sujet. Même s'il ne s'agissait en fait que de quelques paroles lancées à travers une porte miteuse qu'il aurait pu enfoncer sans élan – ce qu'il se gardait bien de faire – il espérait que si elle était là, cela la mettrait au moins assez en confiance pour révéler sa présence. Si elle était ailleurs, il aurait simplement perdu son temps, mais mieux valait paraître ridicule qu'être incompétent. Toutefois, soucieux de montrer sa bonne foi, l'homme en noir décida d'en rajouter.-Vous ne fanerez pas ce soir, Miss Red, je suis ici pour m'en assurer. | | | | Le silence était horrible certes, mais il était devenu le seul réconfort de Rose. Le silence indiquait l'absence de danger, dans cette situation. L'oreille tendue, jambes croisées au milieu du lit, elle fut surprise lorsque son silence réconfortant se brisa; ni brusquement ni par un bruit fort, par des petits pas étouffés et quelques cliquetis de portes. Quelqu'un la cherchait.
Sans faire un bruit, elle se redressa, tendit une jambe et la posa au sol avant de balancer son corps et se mettre debout. D'un pas silencieux de plus, elle se attrapa son sac et y plongea la main en priant pour ne pas que les objets se cognent et fassent du bruit. Elle attrapa d'abord l'arme que son vieil ami lui avait donné il y a bien longtemps, sans savoir si elle en aurait besoin un jour, sans savoir si cela allait la mener à sa perte ou lui sauver la vie... Elle coinça l'arme dans son pantalon comme elle avait si bien appris lors de ses "missions" douteuses. En fermant les yeux, elle plongea à nouveau la main dans le sac, pas très profondément cette fois puisqu'elle attrapa l'énorme corde qu'elle avait eu la chance de trouver avant son départ furtif. Elle rouvrit les yeux en entendant les pas et les cliquetis se rapprocher de la chambre dans laquelle elle se cachait. Elle posa rapidement mais silencieusement le sac sur son épaule et se consacra à attacher la corde.
Elle s'agenouilla au coin du lit et enroula la corde, répétant ainsi son œuvre aux quatre coins du lit pour solidifier sa descente, puisque son but était quand même de rester en vie ce soir...
Les bruits se rapprochaient de plus en plus, elle s'essuya le front où la sueur perlait, de peur ou d'effort elle n'en savait rien, tout en se dirigeant vers la fenêtre. Elle tira sur celle-ci, qui s'ouvrit sans grand effort vu son état, et lança sa corde.
-Miss Red, vous êtes en danger. Vous ne fanerez pas ce soir, Miss Red, je suis ici pour m'en assurer.
Elle se hissa son corps hors de la fenêtre en s'accrochant de toutes ses forces à la corde; sans regarder vers le bas où elle aurait vu quelques ombres se promener.
Au moment où la porte s'ouvrit, elle répondit sur un ton déterminé et joueur :
- Sans blague.
Sans attendre une quelconque réponse, elle descendit le long de la corde, comme lui avait appris son vieil ami, alternant ses pieds et ses mains, se cachant contre les fenêtres au cas où la personne qui la poursuit compte la blesser, et surtout faire vite. Une fois qu'elle serait en bas, elle savait qu'elle devait couper la corde, au cas où la personne voudrait la suivre ainsi, mais en aurait-elle l'occasion, le temps, les moyens? Qu'est-ce qui l'attends après cette descente? Rose se posait trop de questions, mais elle n'avait pas une seule seconde à consacrer aux réponses.
| | | | Terry n'entendit tout d'abord aucun son de l'autre côté de la porte, il présuma un court instant avoir fait tout ce numéro pour rien, et qu'il l'avait manqué. Ainsi, elle aurait été plus maligne qu'il ne s'y attendait et se cachait dans l'un des étages inférieurs...Il s’apprêtait à repartir lorsque son ouïe l'avertit, un craquement venait de retentir à l'intérieur de la chambre. Il attendit un court instant, se concentrant sur son écoute afin de discerner d'autres craquements représentatifs de bruits de pas, ou d'autre chose...Lorsqu'il entendit un choc étouffé. Alarmé, il poussa la porte qui s'ouvrit docilement – elle n'était, semblait-il, pas verrouillée – et aperçut une tête rousse dépassant de la fenêtre ouverte, la situation lui apparût comme un tableau : une corde nouée aux quatre pieds d'un petit lit miteux, la fenêtre ouverte, jetant avec l'éclairage du couloir les seules lumières dans cette pièce lugubre, et une tête rousse qui le regardait avec un air espiègle et sauvage, de l'autre côté d'une fenêtre ouverte.
-Sans blague.
Et sur ces paroles prononcées d'un ton en parfait accord avec son expression, la tête s'évanouit dans l'obscurité. Le Sasquatch haussa les sourcils et esquissa un sourire, il ne s'attendait pas à ça, il devait l'admettre...Et il avait toutes les raisons du monde de ne pas s'y attendre tant ce plan était grotesque selon lui. Il n'aurait eu qu'à couper la corde pour que la jeune femme se retrouve à chuter de toute la hauteur de l'immeuble, et si par bonheur elle parvenait à se rattraper à l'une des fenêtres, ça lui laissait le temps de descendre afin de la traquer. Son sourire s'évanouit lorsqu'il comprit dans quel danger cette jeune femme devait constamment se mettre : sa patronne devait en avoir des cheveux blancs. Il s'avança rapidement de la fenêtre et regarda vers le sol qu'il apercevait dans la pénombre, c'était haut, très haut, beaucoup trop haut pour une chute libre. La corde retiendrait probablement son poids, mais il serait alors exposé, et si miss Red le considérait comme un ennemi, elle n'hésiterait pas à s'en prendre à lui sans qu'il puisse se défendre dans cette position désavantageuse. De plus, s'il la suivait sur la corde, elle rentrerait dans l'une des fenêtres et détalerait avant qu'il ne puisse la rattraper. Bref, la corde n'était pas la bonne solution. Il releva soudain la tête et aperçut, droit en face de lui, une ombre qui n'avait rien à faire où elle se tenait. Un homme, habillé d'une façon similaire à la sienne, se tenait contre un mur et observait la descente de la jeune rousse avec intérêt. Il avait une main dans la poche intérieure de sa veste, et semblait porter l'autre en visière afin de s'assurer de l'identité de la cascadeuse du soir. L'agent de sécurité comprit soudain qu'il devait immédiatement rattraper la jeune femme : certaines personnes étaient déjà sur place. Au départ soucieux de passer pour quelqu'un de relativement normal, Terry devait éloigner la femme d'ici au plus vite, et vu qu'elle ne le croirait pas assez vite si il se présentait comme un ami, il devrait jouer un rôle. Un plan se dessina dans son esprit, c'était quitte ou double, mais une jeune femme lui avait appris que parfois, il fallait jouer. C'est avec l'image d'une belle femme aux traits partiellement sauvages que Terry se rendit dans les toilettes, ferma la porte derrière lui, et s'estompa dans l'obscurité pour réapparaître n'importe où sauf ici.
Émergeant d'une ruelle, le Sasquatch avait eu de la chance qu'aucun sans-abri n'ait élu domicile dans son point de sortie. Tournant la tête à droite et à gauche, Big Foot repéra l'ombre qu'il avait aperçu plus tôt, il s'était lentement approché de la jeune femme qui, quant à elle, en était aux trois quarts de sa descente. Il devait faire vite. Se déplaçant parmi les ombres des ruelles, longeant les murs autant que possible et gardant le chapeau bas sur ses yeux, le Sasquatch approcha à pas de loups de l'homme présumé armé. Ce dernier ne l'entendit que trop tard, il pivota, soucieux de faire face à celui qui s'approchait avec discrétion de son dos lorsque le battoir de Terry le heurta à la tempe, l'envoyant dans les roses pour le reste de la soirée. L'homme était grand, comme le Sasquatch, mais avait un visage relativement commun. Mal rasé, les dents, à l'inverse, bien entretenues, ses yeux fermés semblaient vaciller sous le choc. Fouillant parmi les poches intérieures de son veston, le géant trouva son bonheur : un pistolet six coups, chargé. Luttant contre sa répugnance vis à vis des armes, il l'empoigna et la cacha dans son propre veston, il en aurait bientôt l'utilité.
Après avoir caché le corps dans la ruelle la plus proche, le Sasquatch se dirigea à toute vitesse vers l'endroit où Rose Red finirait sa descente de l'hôtel. Il restait dans les ombres afin d'être le moins visible possible, elle ne devait pas le voir avant le dernier moment, sinon son plant risquerait de cahoter. Il attendit dans l'ombre d'une benne à ordure qu'elle finisse de descendre, puis, à l'instant même où ses pieds touchaient terre, il sortit de sa cachette, braquant le six-coups vers le visage de la jeune femme, le chapeau bas sur les yeux.
-Haut les mains, miss Red.
Il réduisait petit à petit la distance qui le séparait d'elle, il devait agir prudemment, car un faux pas le trahirait. Le cran de sécurité était relevé, le doigt sur la gâchette, la main ne tremblait pas, il s'approchait de la jeune femme avec tout le sérieux de celui qui voulait l'abattre...Alors que son objectif était de la protéger au péril de sa vie. Mais pour ça, elle devait s'enfuir de cet endroit, car celui qu'il avait assommé n'était probablement pas seul. Et pour ça, il jouait quitte ou double. Alors qu'il était bien trop près de sa protégée du soir pour sa propre sécurité, le canon toujours braqué vers le front de cette dernière, Terry tourna la tête sur le côté, vers des interlocuteurs invisibles, gardant la jeune femme dans la périphérie de sa vision. Si elle l'attaquait avec une arme, il devrait s'en prévenir, mais il allait devoir prendre quelques coups s'il voulait mener son plan à bien, il espérait de tout cœur qu'elle le désarmerait et prendrait la fuite, sinon, il devrait improviser. Il décida de commettre son erreur maintenant, en espérant qu'elle ne ferait pas tout de suite le lien entre sa voix en haut, dans l'hôtel, et maintenant.
-Hey les gars, regardez ce que j'ai trouvé. | | | | | |
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